Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le tombeau de princesse Sarah

Le cimetière de géants

28 Mai 2018 , Rédigé par Princesse Sarah sortie du dessin animé ... Publié dans #conte de papier et d'ombre

Le cimetière de géants

Une peuplade de géants , d' une physionomie semblable à celle de ces Autres qui avaient conçu Poupée de paille , avaient par ces temps modernes pris la trop mauvaise habitude de fabriquer de petits cimetières de pierres sanguinolentes .

Dans un croisement creusé de creuset de petites et basses montagnes , des géants plantaient , justement , leurs espoirs et désespoirs de revanches sanguinaires envers de sanguinaires voisins , tout aussi sanguinaires qu 'eux même jusque dans le maniérisme de leurs ruisselantes profusions de sombres lueurs pourpres , lueurs annonçant quelque fois le gouffre sans retour du néant , de ces gouffres d' où , dit on , personne n ' étais jamais revenu , et dont tout ce que l ' on connaissait était son vide rouge sang , son vain rouge sang , et la légende de non retour qui l ' entourait .

Ces pierres étaient en quelques sortes de petits hôtels sacrificiels sur lesquels ,et sous lesquelles , l 'entourage du défunt ou de la défunte faisait la promesse , le jour de la pose de la première pierre puis des suivantes , cette vacante promesse de verser jusque la dernière goutte de vengeance dont ils fussent capable en guise de stèle scellée jour après jour , pierre après pierre , promesses après promesses , et faire valoir ce que de droit ce que pourtant rien ni personne ne leur demandait ni même leur devait, ni même ces pauvres pierres fondant d' elles même en larmes jusqu' à ce que ces mêmes larmes de sang cette fois ci inondent le cimetière , pour ressurgir en déferlantes de nouvelle nuit se couchant irrémédiablement , inexorablement , de territoires en territoires bientôt changés en cendres , reflétant l ' existence du monde impalpable dans laquelle le défunt où la défunte était désormais enfermé , et y entraînerait avec lui dans un souffle vengeur animé par leurs suivants, et ainsi , de morts en morts , de souffles en souffles , embrasaient de terres en terres , un à un , les derniers vivants  et survivants et autre terres qui en deviendront mortifères .

Dans un creuset , croisement de creusées de petites et basses montagnes , des perce-neiges croissaient d ' espoirs en désespoirs tout aussi impraticables qu ' eux - même ne pouvait se déplacer qu ' au gré du chant de ces ruisselantes compagnes de nuage.  De saisons en saisons , de cycles en cycles , d' ères en nouvelles ères , dévorés toujours , perdant toujours , laissaient place au reigne de ces lueurs devenues tornades annonçant quelque fois cette longue nuit , une trop longue nuit , sans espoir de revoir le jour se lever à nouveau pour y voir ressurgir une autre lueur sur cette terre , terre dont les habitants auraient enfin réussi à apprendre à savourer la douceur des éclaircies lunaires pour se ressourcer de leurs rêveries paisibles dans lesquels chacuns et chacunes sauraient enfin apprécier les symphonies célestes , seules capables d' accorder ces différentes formes de vie entre elles , usant parfois avec sagesse de ces accords dissonants , pour faire place enfin à la paix de ces âmes vivantes , bien en peine sur cette planète , lueurs lunaires qui enfin resurgiraient à nouveau , se débarrassant peu à peu ,  des violences et autres rancoeurs , dans ce drôle nouveau monde imprégné de ce calme fraichement planté , ce perce neige d ' abord dans ce creuset , qui , plus tard , délicatement , soigneusement , sera incorporé à ces  plateaux de terres brûlées , qui , pour une énième tentative , essaiera  d' apaiser ces petits êtres de chair et de sang , ces petits habitants de la terre .

Même les branchages , et autres arbrisseaux de ce creux , n ' osaient froisser le silence , habituellement . Le sang de ce creuset à pierres les faisaient taire . Mais ce jour , ils avaient entendu qu 'un chemin autre recommencerait  à se creuser , un autre chemin de pierres , émanant de ces voix et légendes du passé , un chemin de pierres illuminés des âmes vivantes de ces perce neiges qui appelaient la forêt à s' ouvrir à elles , à les accueillir pour y faire place à un nouvel espoir .

Certains des branchages de la forêt , de ceux qui avaient décidé de protéger la petite collectionneuse de pierres et ses compagnes , de l' autre côté de la terre ,  encore dans le sac, durant leurs pérégrinations , avaient aussi chuchoté cette proposition à cette montagne de feuilles qui , entre branchages et autres confédérés ,  amenèrent ce jour à l ' un de ces versants de ce cimetière de pierres , cet autre groupuscule qui s' était constitué autour de cette même intuition , déplacer ces menus ingrédients telluriques , les remettre en leurs lieux privilégiés , pour certaines loin des hommes , et pour d' autres dans différents lieux d' enchantement , de sources d' énergie paisible où à loisirs leurs chuchotis et autre clapotis auraient le loisir de s' épanouir à accorder les mondes végétaux et les mondes animaux dans une doucereuse mélancolie , certain jour , mélancolie mémorielle de cette ensemble à nouveau regroupé , qui serait aussi voué tôt ou tard à se désassembler à nouveau , mélancolie de l' impossible inénarrable plénitude qu ' atteint parfois l ' esprit vêtu de ces émotions à la lueur lointaine de ces cieux parsemés d' étoiles , de jour comme de nuit , plénitude enveloppant un si lointain passé , tellement lointain , presque inaccessible depuis les brumes de nos imaginaires entremélé de nos mémoires émotionnelles , la plénitude dans le  néant , la réconciliation absolue et définitive avec la vie à travers l' aboutissement que promet la mort , pour retrouver cet état magnétique et peut être un peu chimérique , dont on ne sait encore ce qu ' elle nous réserve en surprises , ménageant autour de ces mystères du retour au commencement , à travers ces échelles temporelles et leur traverses spatiales un espoir de repos .
Mais avant que ces vivants ne puissent savourer ce retour à une ère d ' apaisement , beaucoup d' évènements allaient encore devoir coïncider , pour produire cette somme de hasards synchroniques qui permettrait à cet autre creuset ,  sur lequel , pour le moment ne poussait qu' un seul et bien fragile perce-neige .
Pour cette poupée de paille , à qui semblait ce mont si haut , tellement haut , infranchissablement haut , commençait à douter d' elle même .

Quand le si petit groupuscule arriva au pied de ces hauteurs , les feuilles ne chuchotaient plus qu ' à grand peine en guise de salutations et de présentation . Ils entraient dans un territoire différent . Un territoire où le danger les attendaient , où les épreuves se feraient plus rudes , où chaque mouvement de vie se voyait dans l ' obligation de vivre caché au risque de se consumer si son étincelle se retrouvait dans le champ de ces géants et de leurs tombes mortifères .
Ces branches et branchages préféraient se mouvoir lentement pour limiter le son des froissements , et indiquer la marche à suivre à la petite fille qui apparaissaient sous leurs yeux , avec son sac , et ses quelques envies miraculeuses à accorder à ces petits secrets muets .
La marche fut longue , autant que cette nuit de lune fut douce , pendant que Poupée de paille regardait au passage quelques étoiles . Une éclipse d' étoile sur 8 interractions stellaires ne la fit pas trébucher , mais l ' accompagnait . Elle rencontrait la saison de ces arborescences aux lumières nocturne dont les plantes de pieds ne dormaient jamais , contrairement aux siens venus d' une autre parcelle séchée d' un autre continent .
 
Une fois arrivées aux croisements de ces petites ou grandes hauteurs  , une goutte d' eau se pencha , hésita , pour finalement rouler sur la joue de poupée de paille .
Et la larme parla : - S ' il te plait , tu as ici des choses à entreprendre . Des pierres t ' attendent  . Libère les , et n ' oublie pas que tu nous a promis de les amener là où elles veulent se reposer , sans conditions aucunes . Dors , maintenant . Il te faudra du repos .
Au petit matin , un grincement de violoncelle désaccordé se fit entendre . Une première fois , puis une deuxième , et un oiseau se retrouva pris au piège entre les griffes d' un chat , si petit pourtant , et déjà doué pour manger les petits oiseaux . Ce drôle de chat avait fabriqué à partir de menus bricolages un manège à oiseaux qui faisait venir l ' une ou l' autre proie sélectionnée jusque son assiette au son des différents grincements d' archet .
Dans l' ombre , le chat salua la petite poupée de paille d' un soulèvement de chapiteau , révélant ainsi un autre petit oiseau emballé , le tout en lui cachant son visage et lui contant : Gente Dame Oiselle , si vous souhaitez manger , il vous faudra jouer de l' archet !
C ' est bien trop aimable , Monsieur le Chat , je ne suis pas venue pour cela . Ceci dit , votre installation m 'impressionne .
Oui , cela est certain mais avec vos allures d' épouvantail , vous allez faire fuire mon repas de ce midi . Mais le challenge m ' aurait amusé ... Allons sous le pin , au loin . Là bas vous ne ferez pas peur à ces menus bestiaux .
Ils s' avancèrent le long d' une allée dont les arbres grimpaient de plus en plus haut au fil de leur petits pas mal cadancés et pourtant si bien tressés jusqu' au groupe de trois pin qui cumulaient entre eux d' autres pistes de labyrinthe . Le visage du chat était resté en contre jour : Alors ainsi , Dame Oiselle ne mange pas de petits animaux . Puis je vous offrir autre chose ?
Et Dame Oiselle répondit qu 'elle avait une larme , à lui remettre en main propre .
Le chat se mit à pleurer en cachant de plus en plus , toujours plus de plus en plus son visage . Dans l 'une de ses deux mains se cachait déjà la larme de pierre qu'elle venait de lui donner qui pleurait , pleurait , pleurait , et au chat de pleurer , pleurer , pleurer , et aux feuilles de pousser , pousser , pousser ..
Timide , Poupée de paille préféra partir . J ' essaierai de repasser vous voir . Je suis désolée .
Et elle s ' en alla à travers les pins ...quand le chant du chat la rattrapa d' un miaulement long et doux en guise remerciement , un miaulement que bien rarement un chat laisse s' échapper jusqu ' aux oreilles des humains ...
Chuchotements de réactions dans un sac de petits cailloux :
-Nous l ' appelions le chat sans visage dans le temps , contait les pierres . Il ne veux plus montrer son visage . Il faut le respecter .
-Moi, je pense qu 'il t' aime bien !
-Il a miaulé !  
-Moi je te remercie pour la larme fossilisée que tu as laissé revenir vers le Chat sans visage .

Des chemins sinueux , une nature reconstruite sur des socles de plateaux pour simuler un trompe l' oeil végétal de monts et montagnes ouvrirent leurs chemins à ces vagabondes se cachant dans les buissons .
-A partir d' ici , poupée de paille , tu seras poupée sans visage . Si tu ne veux pas , rebrousse chemin , miaule un chat qui passait par là .
Poupée de paille continue son chemin , et arrive en pleines funérailles d' un géant et de sa géante dans le cimetière réservés à ce type d' humains .
Du sang , toujours plus de sang . Poupée de paille pleure en se bouchant les oreilles . Et voilà qu 'ils brûlent les esclaves de paille encore en vie de ce couple de défunts .
Une nuit sans fin de larmes sans recours . Une longue nuit durant laquelle ces géants valsait aux rythmes des gorges tranchées dont le son se conjuguait aux hurlements d 'esclaves aux plus ou moins jeunes cordes vocales . Pour réussir ce type de concerto , il faut connaître le son provenant des cordes vocales de l' esclave en question sur le bout des doigts , je dirais même du bout de leurs doigts , puisqu' il faut aussi  connaître le son de chacun des crissements de leurs phalanges fracturées ,  entre autres ossatures sensibles , le son évolutif de leurs cris et de fractures à répétition donc déductibles du seuil évolutif de résistance à la douleur ,  sans oublier la structure inventé par ses géants humains pour augmenter ou diminuer le son , comme par exemple pour le son d'une clavicule qui craque à mettre en valeur par rapports aux corde vocales hurlantes des poupées jeunes, créant ainsi une musique plus ou moins alléatoire . Leurs nombreux esclaves de jeune âge offerts en baptême mortuaire pour les chorales de larmes attendent leur tour , enfermées dans un puits , n ' attendant même plus la lumière du jour , signe de suspension de séance jusqu' aux prochaines nocturnes .
Un oiseau  se posa sur l ' épaule de Poupée sans visage .
- t 'arrives t il de pleurer , oiseau ?
-euh ......non .
-t ' arrives t 'il de manger un humain pour ta survie ?
-euh .........
-on dit que la viande de géant est douce et tendre , et leurs yeux croustillants après cuisson dans du gras de viande portée à ébullition . Certains et certaines les préfèrent à la sauce tartare . Ce qui est certain, c' est que cela est bien plus nourrissant qu'une poupée sans visage .

Là dessus , Poupée sans visage s 'en alla pleurer sur un plateau , à attendre une lueur  du jour ou de la nuit , peu lui importait, cachée comme elle était dans de très hautes herbes , sur un plateau protégé de cette nature triste organisée par les pavés de chateaux de géants , les oubliettes de ceux ci  , et leurs carrés de verdures pratiquables selon certains horaires ritualisés .                                                   
 
Le cimetière au matin avait été déserté . Quand poupée de paille retourna sur ce lieux de crimes , elle chercha le puits . Le jour , il n 'avait plus la même apparence . Elle regardait les stèles qui l 'appelaient mais elle ne voulait plus les entendre . Elle trouva le puits recouvert d ' une très grande pierre qu 'elle eu du mal à soulever et à déplacer , pour finalement trouver un puits vide . Elle se remit à pleurer et bientôt , le puits fut rempli d' eau . Une petite voix sortie de son sac lui dit alors :
- Tes larmes ressemblent à celles des pierres de ce sanctuaire , mais elles ne peuvent pas marcher . Il reste six nuits c' est à dire 5 journées avant les prochaines funérailles . Ecoute chacune d' elle qui t ' appelle au secours . Et sache que sans leur pierres , il ne feront pas de funérailles , mais il te faudra t ' enfuir vite ...
Et la poupée de paille commença à écouter à nouveau les murmurs des pierres . Durant trois jours et trois nuit , le sac s ' était rempli , les larmes avaient continuer de couler, et sa tâche lui semblait fini quand un petit caillou , le plus petit qu' elle avait dans son sac  , celui qui semblait le plus ridicule aux yeux de ceux et celles à qui poupée de paille l ' avait montré , demanda à poupée de paille de la laisser dans le cimetière , dans le puits.
- Pourquoi veux tu cela ? S' il t 'arrivait malheur ?
- Je veux  y être pour protéger les sacrifiées , s 'ils recommencent . S ' il te plait , accorde moi cela .
Poupée de paille pleurait en regardant le petit caillou se noyer petit à petit dans les larmes du puits .
Le petit caillou lui glissa à l'oreille :
- Fuit maintenant , tu as peu de temps pour t' échapper . Je te donnerai à toi aussi des indices pour t 'échapper quand il te courront après pour retrouver ces pierres . Sache aussi qu 'elles sont puissantes et ne sont pas faites pour des épaules d' être vivants , même toi . Elles te diront où les cacher loin des vivants .
Et poupée de paille et les pierres s ' en allèrent rapidement . Toutes les branches s' accordaient pour s' ouvrir et se fermer sur leur chemin . Poupée de paille étaient encore en larmes  , avec en tête la symphonie des funérailles de ces géants .

Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article